Les apatrides au Koweït : crise humanitaire et stratégie politique
Les apatrides au Koweït, connus sous le nom de « bidoune », sont confrontés à une crise humanitaire et à des enjeux de droits humains complexes, résultant d'un système judiciaire restrictif en matière de nationalité, qui les prive de droits fondamentaux tels que l'accès à l'éducation, à l'emploi et aux soins de santé, tout en les utilisant comme pions dans les stratégies politiques nationales.
Esmail Jasem
7/9/20242 min lire


Le statut des apatrides koweïtiens, connus sous le nom de bidoune, ainsi que le respect des droits humains au Koweït, représentent des enjeux complexes et cruciaux qui suscitent des préoccupations internationales quant aux normes de protection des droits fondamentaux et à la question de la citoyenneté. Selon la Convention de 1954 relative au statut des apatrides, les bidoune sont des personnes qu’aucun État ne reconnaît comme ses ressortissants en vertu de sa législation nationale. Cette situation tragique résulte principalement d'un système judiciaire koweïtien restrictif en matière de nationalité et du traitement des demandes de citoyenneté depuis les années 1950.
Les racines du problème
L'origine de cette crise remonte au recensement effectué entre 1959 et 1969, où de nombreux habitants, notamment des tribus nomades, n'ont pas été correctement enregistrés, les laissant sans statut national. En conséquence, les apatrides se retrouvent privés de droits de citoyenneté fondamentaux, tels que l'accès à l'éducation, à l'emploi légal, aux soins de santé, et même à des documents d'identification essentiels comme les passeports. Bien que certains aient pu bénéficier de ces droits jusqu'au milieu des années 1980, une politique gouvernementale restrictive adoptée en 1986 a radicalement changé leur statut, les considérant désormais comme des résidents illégaux. De plus, l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990 a exacerbé la stigmatisation des bidoune, les accusant injustement d'avoir facilité l'occupation ennemie en raison de leur exclusion sociale et juridique. Depuis lors, ces apatrides ont subi des discriminations sévères, incluant des licenciements massifs de l'armée et des forces de l'ordre, des restrictions sur le droit de conduire, l'accès à l'éducation et aux services publics, et même des expulsions vers l'Irak sans documents d'identité.
Les apatrides : entre répression et résilience
Les apatrides au Koweït continuent d'être des pions sacrifiés sur l’échiquier politique malgré les pressions internationales et les efforts sporadiques des autorités pour résoudre leur statut. Les initiatives de naturalisation sont entravées par des obstacles administratifs et des politiques gouvernementales contradictoires, maintenant la majorité dans une précarité statutaire persistante. La société civile koweïtienne et les défenseurs des droits de l'Homme persistent dans leur plaidoyer pour une reconnaissance complète des droits des apatrides, malgré la répression et les arrestations. L'État utilise parfois la dénaturalisation comme arme politique contre les dissidents, illustré par des cas historiques et récents visant des opposants politiques.
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