L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché une série d’événements menant à l’affaiblissement de l’axe de la résistance, au recul de l’influence russe au Moyen-Orient, et à la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024.
Esmail Jasem
12/13/2024 • 4 min lire

Les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 ont déclenché une série d’événements qui ont profondément reconfiguré le paysage géopolitique du Moyen-Orient. Cette action unilatérale a eu des conséquences imprévues, menant à l’affaiblissement considérable de l’axe de la résistance, au recul de l’influence russe dans la région, et ultimement à la chute du régime syrien de Bachar al-Assad en décembre 2024.
Le Hamas, en lançant son attaque surprise sans consulter ses alliés, a forcé l’Iran et le Hezbollah à réagir sans préparation adéquate. Cette décision a entraîné une escalade régionale que ni l’Iran ni ses alliés n’avaient anticipée ni souhaitée. Le Hezbollah s’est retrouvé impliqué dans un conflit qui l’a considérablement affaibli. L’armée israélienne a mené des frappes massives contre le groupe, causant des dégâts sans précédent. Plus de 3000 personnes ont été tuées au Liban, et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que la quasi-totalité de son commandement militaire, ont été éliminés le 27 septembre 2024. Cette décapitation du leadership a gravement compromis la capacité opérationnelle du Hezbollah, le forçant à revenir à une forme plus modeste de guérilla.
L’Iran s’est trouvé dans une position délicate, cherchant à soutenir ses alliés tout en évitant un conflit direct avec Israël. Cette situation a forcé Téhéran à recalibrer sa stratégie de « résistance » via ses proxies, tout en gérant le risque d’une escalade incontrôlée. L’Iran a dû faire face à des défis internes, notamment des révoltes populaires et une économie affaiblie par l’inflation et les sanctions, limitant sa capacité à intervenir directement pour soutenir ses alliés.
L’ambassade d’Iran à Damas après la prise de la capitale par les forces de l’opposition syrienne.

Le régime syrien, déjà affaibli par des années de guerre civile, n’a pas pu soutenir activement son allié libanais le Hezbollah ni son ancien allié le Hamas. En effet, le régime syrien a effectivement presque coupé ses relations avec le Hamas depuis le début de la révolution syrienne en 2011. Cette rupture s’explique par le fait que le Hamas a choisi de soutenir l’opposition syrienne contre le régime de Bachar al-Assad. Le régime syrien, isolé et privé du soutien de ses alliés traditionnels, s’est effondré rapidement face à une offensive surprise menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC) en décembre 2024. Cette offensive éclair, qui n’a duré que onze jours, a pris de court les observateurs internationaux et les alliés du régime syrien.
Plusieurs facteurs ont contribué à la chute rapide du régime syrien. L’armée syrienne, affaiblie par des années de conflit, s’est effondrée rapidement, offrant peu de résistance aux rebelles. Le manque de soutien extérieur a été crucial : la Russie et l’Iran, préoccupés par leurs propres défis, n’ont pas pu intervenir efficacement pour sauver le régime. Les groupes d’opposition ont profité de l’instabilité régionale pour lancer une offensive décisive, exploitant la vacance du pouvoir et la démoralisation de l’armée syrienne.
La chute du régime syrien représente un revers géopolitique majeur pour la Russie. Moscou risque de perdre ses bases navales et aériennes cruciales en Syrie, compromettant son influence dans la région. La Russie, déjà engagée en Ukraine, n’a pas pu mobiliser les ressources nécessaires pour sauver son allié syrien. Cette situation illustre les limites de la capacité de la Russie à protéger ses intérêts stratégiques sur plusieurs fronts simultanément.
Les conséquences régionales de ces développements sont considérables. L’affaiblissement de l’axe Iran-Syrie-Hezbollah a brisé le corridor terrestre vital pour l’influence iranienne jusqu’en Méditerranée. Le Hezbollah, privé de sa chaîne d’approvisionnement en armes via la Syrie, se trouve dans une position précaire. L’Iran a perdu un allié stratégique majeur avec la chute du régime syrien, ce qui pourrait entraîner un recul significatif de son influence dans la région.
Ces bouleversements ouvrent la voie à de nouvelles dynamiques régionales. La Turquie pourrait chercher à étendre son influence en Syrie, profitant du vide laissé par le régime d’Assad. La Syrie elle-même risque de devenir un champ de bataille où s’affrontent les intérêts de diverses puissances régionales et internationales, prolongeant l’instabilité dans le pays et la région.
En conclusion, l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a involontairement déclenché une série d’événements qui ont profondément reconfiguré le paysage géopolitique du Moyen-Orient. En forçant ses alliés à s’engager dans un conflit qu’ils n’avaient pas prévu, le Hamas a contribué à l’affaiblissement de « l’axe de la résistance ». Le Hezbollah a subi des pertes importantes, l’Iran s’est retrouvé dans une position délicate, et la Syrie, privée du soutien de ses alliés, a finalement succombé à une offensive rebelle.
Cette cascade d’événements a également marqué un recul significatif de l’influence russe dans la région, Moscou n’ayant pas pu sauver son allié syrien. La chute du régime d’Assad représente non seulement la fin d’une ère pour la Syrie, mais aussi un bouleversement majeur des équilibres régionaux. Les conséquences à long terme de ces développements restent à déterminer, mais il est clair que le paysage géopolitique du Moyen-Orient a été profondément transformé, ouvrant la voie à de nouvelles dynamiques dont les contours restent encore à définir.