Poussée par l’instabilité en Iran et attirée par la prospérité du Koweït, l’immigration chiite a créé une société koweïtienne plurielle, confrontée aux enjeux de l’intégration et aux influences régionales.
Esmail Jasem
9/16/2024 • 2 min lire
L’afflux des chiites iraniens vers le Koweït au XIXe et XXe siècles illustre la complexité des dynamiques migratoires dans le golfe Persique. Ce phénomène, qui s’inscrit dans un contexte géopolitique mouvant, a profondément marqué le tissu social et politique de l’émirat.
La théorie du push and pull de Myron Weiner offre un cadre d’analyse pertinent pour comprendre les motivations de cette migration. L’instabilité politique et économique du sud de l’Iran, couplée aux désastres naturels, a constitué un puissant facteur de répulsion. En contraste, le Koweït, sous protectorat britannique, présentait une stabilité et une prospérité relatives, ainsi qu’une tolérance religieuse comparativement plus élevée, agissant comme facteurs d’attraction.
Le contexte géopolitique de l’époque a joué un rôle crucial. Le Koweït, situé stratégiquement entre l’Arabie, la Mésopotamie et le monde iranien, est devenu un enjeu dans la rivalité entre les puissances britannique, russe et ottomane. Le traité de 1899 avec la Grande-Bretagne a renforcé la position du Koweït, le rendant encore plus attractif pour les migrants.
L’intégration des chiites d’origine iranienne dans la société koweïtienne a été progressive. Aujourd’hui, ils constituent une communauté importante, principalement concentrée dans certaines villes, et maintiennent des liens familiaux, commerciaux et religieux avec leur pays d’origine. Théoriquement, ils jouissent d’une quasi-égalité avec les sunnites, bien que leur rôle dans l’histoire du pays soit souvent sous-représenté dans l’historiographie officielle.
La présence d’une importante communauté chiite au Koweït soulève des questions sur l’influence potentielle de l’Iran dans les affaires intérieures du pays. Cette situation place le Koweït dans une position délicate, lui permettant parfois de jouer un rôle de médiateur dans les tensions régionales entre sunnites et chiites.
En conclusion, l’afflux migratoire chiite vers le Koweït illustre la complexité des dynamiques démographiques et géopolitiques du golfe Persique. Ce phénomène a profondément marqué la composition sociopolitique du Koweït, créant une société plurielle qui doit naviguer entre intégration nationale et influences régionales.