Le Koweït, malgré sa petite taille et sa vulnérabilité géopolitique, parvient à maintenir une résilience unique grâce à ses ressources pétrolières, son système de gouvernance distinct et ses alliances stratégiques, tout en naviguant habilement dans un environnement régional tendu.
Esmail Jasem
9/17/2024 • 2 min lire

Le Koweït, avec sa superficie modeste de 17 818 km², illustre parfaitement les défis auxquels sont confrontés les petits États dans un environnement géopolitique complexe. Situé au carrefour stratégique du golfe Persique, entre l’Irak, l’Iran et l’Arabie saoudite, ce petit pays joue un rôle pivot dans la région, principalement grâce à ses vastes réserves pétrolières représentant environ 8 % des réserves mondiales.
La vulnérabilité du Koweït, inhérente à sa petite taille, a été dramatiquement mise en lumière par l’invasion irakienne de 1990. Saddam Hussein, cherchant à étendre l’accès de l’Irak au golfe Persique, a vu dans le petit État koweïtien un obstacle facile à surmonter. Cette expérience traumatisante a profondément marqué la politique étrangère du pays, le poussant à rechercher un équilibre délicat entre ses puissants voisins tout en renforçant ses alliances avec les puissances occidentales, notamment les États-Unis.
Malgré ces contraintes, le Koweït a développé une forme unique de gouvernance dans la région. Sa monarchie constitutionnelle, dotée d’un parlement élu aux pouvoirs significatifs, lui confère une certaine légitimité sur la scène internationale. Cette configuration unique permet une expression démocratique relative, mais engendre aussi des tensions récurrentes entre le pouvoir exécutif et législatif.
La dépendance économique du Koweït envers ses ressources pétrolières reste un défi majeur. Environ 90 % des recettes budgétaires du pays proviennent des exportations d’hydrocarbures, rendant son économie vulnérable aux fluctuations du marché pétrolier. Cette réalité souligne la nécessité d’une diversification économique pour assurer la stabilité à long terme du pays.
Sur le plan géopolitique régional, le Koweït doit naviguer habilement entre les tensions irano-saoudiennes et la menace persistante de l’instabilité irakienne. Sa politique étrangère vise à maintenir une neutralité relative, tout en s’appuyant sur la protection américaine.
Le Koweït illustre parfaitement la définition des petits États proposée dans l’ouvrage « Small States and International Security. Europe and Beyond », qui les décrit comme « la partie la plus faible des relations asymétriques, qui n’est pas capable de changer la nature ou le fonctionnement de la relation par elle-même ». Néanmoins, le pays démontre qu’un petit État peut exercer une influence disproportionnée par rapport à sa taille dans certains contextes géopolitiques.
En conclusion, la petite taille du Koweït, loin d’être un simple handicap, lui confère une résilience unique. Malgré les défis posés par son environnement géopolitique tendu, le pays continue de jouer un rôle clé dans la région, naviguant habilement entre ses ressources naturelles, ses aspirations démocratiques et les pressions extérieures, tout en cherchant à préserver son indépendance et sa sécurité.